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Ce soir dans Le Salon Parfumé nous échangeons avec Clarisse Monereau, une femme d’affaire francaise immigrante au Canada et fondatrice de la première école en parfumerie au Québec.
Bienvenue Clarisse. Pourriez-vous nous dire quel a été votre premier parfum? Que portiez-vous dans les années 1980 et 1990?
Mon cher Jordan, le parfum fait partie de la culture de l’élégance dans ma famille. A l’âge de mes 10 ans, ma marraine me propose de choisir entres 3 fragrances très populaires pour les petites filles en France : Cristal de Chanel, Anais-Anais de Cacharel et L’air du temps de Nina Ricci.
Le choix s’arrête sur Anais-Anais de Cacharel qui fait toujours partie de ma garde- robe parfumée et que je reporte de temps en temps par nostalgie.
Ensuite, une farandole de parfums construit ma mémoire olfactive : Best Montana de Montana, ô de Lancome, Paris Ysl, Fahrenheit de Dior, Dune de Dior, l’Eau d’Issey Miyaké, Classique de JPG…
Mais mon cœur s’est arrêté en 1992 avec Angel de Thierry Mugler.
Depuis 21 ans, ce parfum signe mon sillage.
Actuellement, vous êtes en France pour les affaires mais aussi en vacances. Racontez-nous votre voyage parfumé?
Effectivement, comme dit si bien le proverbe “j’allie l’utile à l’agréable”.
Je suis arrivée le 3 Juin pour assister à la clôture de l’exposition au palais de Tokyo en l’honneur du N5 de Chanel.
Une exposition gratuite, je tiens à le préciser parce ce que de nos jours c’est exceptionnel, elle est restée ouverte du 5 Mai au 5 Juin.
L’exposition commençait par le passage dans un jardin imaginaire, qui n’a pas eu le succès voulu à cause des mauvaises conditions climatiques, ensuite l’exposition continuait sur des objets, de peintures, de sculptures ou des lettres en rapport avec Chanel ou l’époque du N5 c’est-à-dire 1921 puis le 3ème étage reproduisait le salon de Mademoiselle avec des sofas moelleux beige avec à disposition des bibliothèques de livres et des vidéos des publicités du N5.
Mon parcours parfumé se poursuit vers Granville (Nord de la France) dans la villa de Rhumbs de Christian Dior.
Une exposition “L’impressionnisme et Dior” des robes somptueuses mis en harmonie avec quelques œuvres d’impressionnistes. Pour cette occasion, 3 nouveaux jus ont été créés : New look, Grand bal et Granville.
Une maison cossue et élégante à la fois avec ses couleurs beiges et rosés, qui conserve l’âme de Christian Dior. Ce parc silencieux accompagné d’une roseraie mais surtout cette atmosphère calme et apaisante du bord mer.
De retour sur Paris, je suis allée à la rencontre d’Hugo et de Franck.
Les deux hommes les plus audacieux de ce siècle, à mon avis, mais surtout des Passionnés redonnant naissance à une marque datant de 1720 qui a périclité en 1929 à cause du krach boursier comme beaucoup d’autres: Bienvenue chez Oriza L. Legrand.
Ils ont déniché une petite boutique intimiste dans le coin de l’Opéra Garnier, 18 rue St Augustin et ils ont mis leur cœur pour aménager cette boutique entre vintage et baroque rendant hommage à cette époque.
Ce qu’il faut savoir c’est que ces 2 hommes ont racheté tout ce qui touche de près comme de loin à la marque: archives, tableaux, bibelots mais surtout les formules afin de récréer les jus.
Actuellement, on peut découvrir : Relique d’Amour, Rêve d’Ossian, Œillet Louis XV, Déjà le printemps et Mousse Chypré qui sort officiellement en Septembre.
Je vous invite à leur rencontre.
Etant sur Paris, un petit détour à Versailles s’impose non pas pour le château mais cette fois pour la visite de la Cour des Senteurs inaugurée en Avril 2013.
On y retrouve l’histoire de la parfumerie, une boutique Guerlain décorée par des artisans d’arts avec un parfum exclusif “cour des senteurs”.
Puis afin d’assouvir les papilles “Lenôtre” nous régale, vous y retrouvez un gantier et une boutique Dyptique qui nous charme avec son décor d’un appartement parisien.
Le tout dans une cour tranquille avec terrasse et jardin à la française.
Qui dit Versailles, dit aussi le passage incontournable chezamie Elisabeth de Feydeau, Docteur en Histoire Contemporaine et fondatrice d’Arty fragra mon nce, créatrice des bougies majestueusement parfumées, s’adressant aux amoureux de l’Histoire et des histoires et à toute les personnes en quête de luxe et d’authenticité que le style de vie “à la francaise”.
Elles seront disponibles cet automne au Québec via mon nouvelle société.
Pour terminer mon périple à Paris, je suis attendue aux “Journées particulières” organisé par LVMH. Une visite exclusive des coulisses des grandes marques de luxe.
Du coup, direction le site de production des parfums Guerlain à Orphin. La maison Guerlain fête ses 185 années d’existence, visite exceptionnelle avec mon plus beau cadeau, la rencontre nez à nez avec Thierry Wasser (le nez exclusif de la Maison Guerlain). Un souvenir mémorable.
Ensuite, direction Toulouse (Sud de la France). Toulouse la ville rose mais surtout la Violette emblème de la ville.
Donc les papilles ainsi que le nez se sont régalés.
Enfin, j’ai atterri à Grasse, la Capital des parfums chez l’une des plus vielles maison de parfumeur, La Maison Galimard.
Deux jours intenses entre visite dans les champs de fleurs dite “Source parfumée” avec Madame ROUX de la famille Galimard qui nous transporte dans cet éveil des sens : la lavande, le lavandin, le genêt, le chèvrefeuille, les fleurs de Séringua …ensuite direction la vielle fabrique à Gourdon puis visite de Valbonne, petit village typique avec une belle place provençale où je rencontre un ébéniste de flacon utilisant le bois d’Olivier emblème du Sud de la France.
Le lendemain, direction l’usine de Galimard en compagnie d’une star Québécoise (malheureusement son nom reste confidentiel pour le moment) avec qui je travaille sur la création de son parfum. Le lancement est prévu en Octobre sur Montréal.
Mais comme toute bonne chose, mon escape parfumé se termine à Grasse et maintenant place aux vacances.
Achetez-vous des parfums pour vous-même?
J’en achète rarement pour moi-même. En revanche, les achats de flacons exceptionnels ou rares sont surtout pour parfaire la collection de l’Ecole en parfumerie.
Votre compagnon en achète-t-il pour vous?
Non ! D’ailleurs, je trouverai son idée peu originale. Lol.
Quelles sont vos préferences en matière de parfums, ou les notes que vous aimez particulièrement?
Je dirai que la famille olfactive qui me représente est définivement l’Orientale.
En matière de parfums je suis vintage; Coriandre, Miss Dior L,Originale, Red Door , Aromatic Elixir. Des odeurs envoûtantes qui laissent un sillage inoubliable. Des parfums qui ont du caractère et du raffinement.
J’aime beaucoup aussi les parfums confidentiels : Arquiste, Olfactive Studio, Monsillage
J’adore les notes gourmande (Angel, Vanille de chez Galimard) le patchouli (Patchouli de Réminiscence) et l’iris (l’Heure bleue de Guerlain, ou N19 poudrée de Chanel)
Quel a été votre parcours professionnel?
Je suis diplômée d’un Master International en esthétique et parfumerie sélectives obtenu en 2006 à l’Ecole Peyrefitte en France.
J’ai commencé ma carrière comme conseillère en beauté parfum chez Séphora France pour continuer l’aventure avec Sephora Canada en 2008 comme Manager parfums et soins de la peau.
En 2009, « Murale » , filiale de Pharmaprix, m’offre un beau défi en tant que spécialiste parfums jusqu’en Janvier 2010.
Ensuite, vous connaissez l’histoire. Mon âme d’entrepreneure, mes connaissances, et ma passion m’encouragent à créer la première Ecole en Parfumerie au Québec. Depuis 2011, je suis auteure de plusieurs chroniques de parfum sur des blogues et quelques magazines féminins: Misspoudrette, de L’experte en beauté et Webféminin.
Au fil des années, mon expertise, mes qualités de spécialiste en parfums et mon sens olfactif me place au cœur de l’industrie de la beauté en tant que Consultante en parfums.
Que portez-vous au travail?
L’hiver, je porte Angel de Thierry Mugler parfois l’Heure bleue de Guerlain ou Aromatic elixir de Clinique
L’été c’est mon Shalimar de Guerlain et Rem de Réminiscence¸
Je suis très fidèle à mes parfums malgré tout les parfums que l’on m’offre!
Qu’est-ce que vous enseignez à vos élèves?
J’ai 3 sortes d’élèves lol, donc j’enseigne ou plutôt je partage mon savoir de 3 façons différentes
D’une part il y a des femmes et des hommes passionnés qui s’inscrivent au cours du soir afin de s’enivrer d’odeurs, d’histoires et de participer à des ateliers exclusifs ( tel une visite d’usine ou la création de leur parfum personnalisé) Il est certain qu’avec les particuliers j’aborde le parfums plus ludiquement malgré un examen final afin de valider les acquis.
D’autre part, il y a les conseillères en beauté de l’industrie, qui suivent 1 à 2 fois par année une formation en parfums. Dans ce cas, mon enseignement est plus axé sur les techniques de vente afin d’approfondir leur expertise face aux clients.
Enfin, depuis ce debut d’année 2013, je transmets mon savoir faire et mon expertise auprés des marques et de personnes célèbres afin de les aider dans leur création, leur marketing et leur communication.
Une expérience parfumée?
J’ai parfumé mon fils dès sa deuxième journée d’existence avec le “petit musti” de Mustela.
Les infirmières anglophones m’ont traité de “crazy mum” j’ai répondu “non, française de France”.
Présentement, mon fils a 28mois et procède une garde-robe parfumé (le petit Guerlain, le petit Musti, Burberry touch, Tartine et chocolat) dans sa chambre
C,est très drôle,chaque matin il choisit le petit parfum qui enjolivera sa journée à la garderie.
L’éducation en parfums chez un homme commence dès leur plus jeune âge afin d’éveiller leurs sens olfactifs et de le sensibiliser sur les odeurs afin qu’il soit capable de se parfumer élégamment mais aussi complimenter les femmes raffinement parfumées.
Que diriez-vous de l’amour? Si cela ne vous dérange pas d’en parler ? Qu’est-ce que l’amour?
Je citerai Adolphe Ricard:
Le plaisir de l’amour est le parfum qui nous suit jusqu’au tombeau.
– Adolphe Ricard
– Œuvre: L’amour, les femmes et le mariage – 1857
Un intérêt personnel – la musique, l’art?
J’admire les artistes, ils m’impressionnent et je respect énormément leur travail tant dans la musique que la peinture. D’ailleurs, cet été j’ai fait connaissance avec Isabelle Bartoli j’adore ces œuvres, mon prochain achat made in France.
La quête du savoir. Où et comment avez-vous gagné votre savoir? En termes d’expérience et d’institutions.
Je suis née dans une famille de parfums.
Ma grand-mère porte Opium de YSl depuis 30ans. Mon grand-père c’est Eau sauvage de Dior ou l’eau de Cologne 4711. Ma maman et ma marraine portent que des parfums de la Maison Guerlain et ma plus jeune tante adore TOUS les parfums. Donc, dès mon plus jeune âge mon nez baignait dans ces effluves.
A 10 ans mon premier parfum, puis ensuite j’ai commencé à collectionner les miniatures, découper les publicités dans les magazines pour les coller sur les murs dans ma chambre, récupérer les panneaux publicitaires que les parfumeries jetaient sans égard après la fermeture sur les trottoirs. (Je perfectionner mon marketing publicitaire)
A mes 30 ans, j’ai pris conscience que cette passion pouvait devenir une expertise donc je repris mes études afin d,apprendre cette science d’émotion et scientifique. Grâce à mon parcours chez chez Séphora j’ai eu l’opportunité de partir très souvent en formation en parfums afin de devenir la Spécialiste de mon magasin.
Le savoir se poursuit aussi par l’instruction quotidienne : achat et lecture de tous les livres qui existe sur les parfums ainsi que les biographies de personnes qui ont participé à l’essor de l’industrie.
Le fait d’être française me permet aussi de venir très souvent en France suivre des formations et d’avoir des mentores dans l’industrie qui me partage leur savoir.
Après le pain, l’éducation est le premier besoin d‘un peuple.
J’aime apprendre et je partage mon savoir grâce à L Ecole mais aussi dans mes chroniques.
Pensez-vous que la parfumerie soit de l’art, de l’artisanat, une pensée et sa mise en fabrication, de l’architecture moléculaire ou quoi que ce soit d’autre ?
Le parfum renferme des secrets chimiques depuis 1889 entremêlés d’artisanat si je pense aux parfums confidentiels (Arquiste, Artisan parfumeur…) sur une note d’Art ou 4 sens sont en éveil: l’odorat avec son concerto de matières premières, la vue avec la couleur du jus, l’ouïe avec son (pchitt…) derrière les oreilles, le toucher lorsque je serre le flacon dans la paume de ma main.
Une pensée certainement, Edmond Roudniska que je cite a dit « un parfumeur crée un parfum d’abord avec une émotion “une pensée et non en mélangeant différentes matières premières”.
Une pensée certainement, Edmond Roudniska que je cite a dit “un parfumeur crée un parfum d’abord avec une émotion, une pensée et non en mélangeant différentes matières premières”.
Quel est le but du parfum?
C’est l’accessoire intime, invisible mais inoubliable. Il est une robe olfactive qui nous habille de séduction tout en dévoilant nos émotions et notre caractère.
Choisissez une personne dans le monde du parfum et parlez-nous de cette personne.
Jacques Guerlain est pour moi “l’opus olfactif” du XXème siècle.
Ses 400 créations témoignent de son génie créatif et sa passion pour les parfums.
Il enchaine les créations, des parfums mythiques comme mon Shalimar , Mitsouko ou encore l’Heure Bleue puis il est le créateur de cette signature olfactive : la Guerlinade.
J’aurai aimé le connaitre, le rencontrer mais je n’ai que sa biographie et ses “œuvres pour parler de lui”
Je pense qu’inconsciemment, en portant Shalimar je lui rends hommage.
Un grand merci pour votre disponibilité Clarisse.
En savoir plus:
L’École en parfumerie Clarisse Monereau
L’École en parfumerie Facebook Page
Eugénie Briot – Interview
Et si la plus belle nuit de votre vie inspirait un parfum?
Wow! Merci Clarisse, au nom de Oriza L. Legrand et de sa résurgence exigeante! H&L
Your Chypre Mousse is very famous Hugo. Thank you for stopping by here. I think Kafka was in your store today.